1. |
le sourire du miroir
03:00
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dans le café face au miroir jauni
elle a dit faut qu’on parle en fuyant mon baiser
moi j’ai dit OK
et j’ai souri
elle a dit désolée mais voilà elle a dit
c’est pour notre bien tu sais même si c’est dur
moi j’ai dit bien sûr
et j’ai souri
elle a tripoté sa bretelle fleurie
en disant la vie est courte et le monde est si grand
j’ai dit je comprends
et j’ai souri
elle a ajouté en rongeant son vernis
tu retrouveras aussi quelqu’un que t’aimes
j’ai dit pas de problème
et j’ai souri
elle a dit j’espère tellement qu’on reste amis
puis elle s’est levée et a mis son imper
moi j’ai dit super
et j’ai souri
calmement et quand elle est partie
dans le miroir jauni j’ai croisé mon reflet
il m’a dit c’est la vie
et il a pleuré
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2. |
le retour des outardes
04:19
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dans le ciel bleu que lézardent
les compagnies aériennes
j’ai vu passer les outardes
il me tarde qu’elles reviennent
dire que j’ai tout quitté
pour venir habiter
près de toi à l’autre bout du monde
et qu’à peine arrivé
je te vois t’esquiver
sous l’effet d’une humeur vagabonde
il me tarde il me tarde
le retour des outardes
il me tarde vraiment
j’ai reçu tes photos sur la plage
où tu dis que t’envies ma solitude
ici on a mis le chauffage
seuls les arbres se dénudent
et à force de voir
ta peau devenir noire
je vais pogner une insolation
je sais qu’on s’était dit
que chacun vit sa vie
librement sans remords ni pression
oui mais ma vie chancelle
et sans ton grain de sel
tout est fade inutile et glacé
j’ai mis des pneus à clous
sur mes penchants jaloux
mais j’avoue que j’ai peur de glisser
il me tarde il me tarde
le retour des outardes
il me tarde vraiment
le retour du printemps
t’avais dit en levant ton verre
que tu reviendrais au printemps
mais l’hiver s’éternise et calvaire
c’est grand la terre c’est long le temps
loin des yeux loin du cœur
dans les verres de liqueurs
les serments périmés se lézardent
aujourd’hui le soleil s’attarde
il a fait bourgeonner tes glaïeuls
j’ai vu passer les outardes
elles sont revenues toutes seules
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3. |
la banlieue de l'hiver
03:20
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j’ai chassé l’hiver hors de ma cour
à coups de pelle désespérés
il est interdit de séjour
l’été d’urgence est déclaré
j’ai mis du sel et du gravier
de l’antigel des fausses fleurs
banni le blanc dans un brasier
construit des îlots de chaleur
déni menaces injures et feu
j’ai tout tenté mais rien à faire
il gèle il vente il neige il pleut
et le printemps c’est la banlieue
de l’hiver
j’ai fait des vœux brûlé des cierges
versé des pots-de-vin aux cieux
j’ai sacrifié mes pages vierges
à invoquer les temps radieux
mais j’ai beau me vouer à tous les dieux
beau rabâcher les vieux proverbes
il gèle il vente il neige il pleut
et le printemps c’est la banlieue
de l’hiver
il a fallu les saints de glaces
la saint-Glain-Ghlin la saint-Mathieu
l’été indien l’action de grâce
pour que je comprenne enfin que
depuis le jour de tes adieux
dans mon cerveau à ciel ouvert
il gèle il vente il neige il pleut
et le printemps c’est la banlieue
même en brûlant sous un ciel bleu
même les nuits caniculaires
il gèle il vente il neige il pleut
et le printemps c’est la banlieue…
sans le soleil de tes grands yeux
sans ton sourire calorifère
sans toi je me sens tout frileux
sans toi je vis dans la banlieue
de l’hiver
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4. |
mirabelle et mirabeau
05:13
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le schéma semble toujours le même
un rayon de soleil dans les yeux
le cerveau étincelle et le feu
éclate en crépitant des je t’aime
je t’aime oh je t’aime mon amour
je t’aime et je t’aimerai toujours
avant la fin de la phrase hélas
on ne sait pas trop ce qui se passe
mais soudain l’enchantement se casse
ce qui reste en revanche et qui dure
c’est l’âcre rancœur de la rupture
car le feu prend bien soin en partant
de convertir l’amour à la haine
de laisser un cœur en quarantaine
et quelques champs de mines aux suivants
et c’est toujours la même rengaine
depuis que les premiers tourtereaux
n’ont plus roucoulé l’eau de la Seine
a coulé sous le pont Mirabeau
l’amour peut s’avérer si magique
que le Banal – abracadabra –
devient Exceptionnel dans ses bras
qu’il supprime défauts et critiques
et qu’il fait dialoguer sourds-muets
t’as de belles œillères tu sais
mais quand sonne implacablement l’heure
de lever le lourd rideau du leurre
il appert avec quelque douleur
que la fée et le prince charmant
sont rentrés dans leur joli roman
tout s’efface l’ivresse et le fard
au réveil il ne reste plus que
la mégère le crapaud visqueux
et l’amant caché dans le placard
c’est toujours la même mise en scène
qui se joue sous le pont Mirabeau
à bord du Titanic sur la Seine
l’amour se fait mener en bateau
qu’il est doux de sentir envers l’autre
tous ces grands sentiments vivre en nous
de vouloir son bonheur plus que tout
mais quand même pas plus que le nôtre
je t’aime oh je t’aime t’aime tant
mon petit oiseau virevoltant
que te voir voler sans moi m’enrage
je te piège et te prends dans ma cage
et me fous d’aller droit au naufrage
tant que tu viens avec moi dedans
je t’aime oh je t’aime t’aime tant
que s’éclipsent nos lunes de miel
au désir d’être aimé tout autant
la passion coule encore dans les veines
mais l’égo souverain tient ses rênes
guidé par ses raisons souterraines
et tandis que le soleil se brouille
l’œil humide se couvre de rouille
sans bien voir la petite terreur
qui œuvrant de l’intérieur verrouille
le vainqueur dont se cassent les couilles
au vaincu dont se brise le cœur
un plus un font deux âmes en peine
et la Seine où affluent les sanglots
sous le pont Mirabeau se déchaîne
tandis que le crachin tombe à l’eau
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5. |
quel bel été de merde
04:12
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sur ma serviette ensablée
mes souvenirs se dissèquent
l’océan sera sec
quand j’aurai oublié
quel bel été de merde
j’ai beau vouloir m’évader
avec les vagues lointaines
la marée me ramène
toujours à tes côtés
quel bel été de merde
ça fait dix longues journées
que tu m’as promis ma belle
demain je te rappelle
je suis très occupée
quel bel été de merde
pour l’abriter du sable
j’avais mis mon portable
dans ma poche intérieure
à deux pouls de mon cœur
et je le sens qui vibre
qui me déséquilibre
et pourtant non personne
putain de téléphone
jupettes strings peaux bronzées
les estivants sont alertes
car la chasse est ouverte
moi je rentre m’enfermer
quel bel été de merde
j’ai deux mois pour lessiver
à coup de Manzana Verde
l’arrière-gout amer
de l’espoir périmé
quel bel été de merde
et vos gueules les cigales
je vais faire un scandale
si vos râles obscènes
continuent leur rengaine
ici y en a qui triment
loin des yeux loin du cœur
s’il vous plait soyez fines
allez baiser ailleurs
et toi soleil comment
oses-tu apparaître
implacable insolent
à ma pauvre fenêtre
plongez-moi dans le noir
éteignez la lumière
je ne veux plus rien voir
je veux être en hiver
vienne la fin de l’été
vienne le froid que j’hiberne
avec un cœur en berne
qui bredouille hébété
quel bel été de merde
ah vraiment quel été
vraiment qu’elle était belle
quel bel été de mer
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6. |
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7. |
pleurer au soleil
02:49
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pleurer au soleil
et sentir incrédule
tomber sur soi la grêle
de nos larmes qui gèlent
en pleine canicule
pleurer au soleil
sans voir l’eau ruisseler
diluer nos cocktails
et faire des arcs-en-ciel
dans nos yeux embués
aller à la plage
le cerveau infesté
de tempêtes de sable
le cœur imperméable
aux parfums de l’été
pleurer au soleil
et tandis qu’on ravale
un gros sanglot amer
sentir un gout de mer
dans l’air de Montréal
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8. |
le décalage horaire
03:55
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je me lève en sursaut
et te cherche aussitôt
en vain
ça fait déjà un bout
de temps que t’es debout
et loin
snobant mes granolas
t’as rendez-vous à la
cafèt
je mâche mes regrets
ton rire fait tourner
les têtes
et pendant que tu t’éprends
de ton nouveau pays tem
poraire
moi j’ai les pieds sur le Plateau
le nez dans ton fuseau
horaire
la moindre horloge me déroute
depuis que tu habites en Suisse
quand je vois l’heure je rajoute
plus six
il est déjà midi
vous en êtes à l’happy
hour
à ma pause-café
la joie sur tes joues fait
des fleurs
puis les bouchons s’amoncellent
sous mes yeux et mon ciel
est gris
vous arrivez dans sa rue
il te regarde et tu
souris
je ferme les persiennes
ton ombre sur la sienne
s’imprime
Montréal est en pleurs
à Genève c’est l’heure
du crime
la moindre horloge me déroute
depuis que tu habites en Suisse
quand je vois l’heure je rajoute
plus six
je pars chaque seconde
dans ce repli du monde
que ton sourire éclaire
je cours vole et m’échappe
mais jamais ne rattrape
le décalage horaire
je me lève en sursaut
et te sens sur ma peau
blottie
tu es à moitié nue
je te regarde et tu
souris
j’entrouvre les persiennes
ton ombre sur la mienne
se jette
nos cœurs sont au printemps
et pour toujours le temps
s’arrête
la moindre horloge me déroute
depuis que tu habites en Suisse
quand je vois l’heure je rajoute
un clou à mon supplice
alors j’ai balancé ma montre
et mes tourments et mes espoirs
pour pouvoir remonter dans notre
mémoire
je pars chaque seconde
dans ce repli du monde
que nos sourires éclairent
j’efface le présent
et déménage dans
le décalage horaire
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9. |
les pages cornées
05:03
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|||
je sais bien
qu'il faut tourner la page
c'était un beau voyage
mais tout a une fin
après coup
je suis de ton avis
chacun mène sa vie
aguerri
ça vaut bien mieux pour nous
mais
j’aurais voulu savoir
ce que tu ressentais malgré tout
quand la musique joue
sur l’ordi en ordre aléatoire
et que paf tout à coup
tu entends se glisser dans le soir
une chanson à nous
loin de moi
l’espoir de te reprendre
de souffler sur les cendres
de ce vieux feu tout froid
tu as pris
une décision sage
aujourd'hui
tu es heureuse en ménage
avec lui
et tu m'en vois ravi
mais
je me demandais si
quand on dit mon prénom près de toi
quand tu vois quelqu’un qui
a la même doudoune que moi
quand l’écho de ma voix
te revient je me demandais si si si
ça résonnait en toi
je te jure
que je n'ai
pas d'animosité
je t'assure
mes intentions sont pures
pure curiosité
d'ailleurs
je sais très bien que toi
toujours la tête sur les épaules
tu gardes le contrôle
je connais ta force et ton sang-froid
toi tu connais ton rôle
ce n'est pas mon pauvre charabia
qui te perturbera
mais parfois
quand tes nerfs se dénouent
et qu'ils s'offrent une trêve
que ta raison fait grève
avoue
que tu rêves de nous
désolé
mon carnet de voyage
s’est ouvert à la page
que tu avais cornée
n’aies pas peur
je remets
le diable dans sa boite
et ce gros cœur tout moite
dans le congélateur
|
||||
10. |
exit
02:20
|
|||
je suis rendu son ex
relégué en annexe
expulsé de l’histoire
elle a bien embarqué
me laissant sur le quai
brumeux de sa mémoire
terminés les mots doux
les mon lo lolochou
les cœurs dans les smileys
maintenant elle m’appelle
par mon prénom et elle
me fait la bise
je suis rendu un ex
ecstasy périmé
une erreur de jeunesse
un brouillon déchiré
je suis rendu un ex
mes yeux voient s’envoler
leur indice humidex
et l’espoir désolé
d’autres mains que les miennes
adoucissent ses peines
d’autres regards l’agitent
d’autres plaisirs la portent
qui me montrent la porte
exit
elle a tant fait son deuil
tant scellé le cercueil
de notre amour que même
quand mon cœur se déchire
elle ne l’entend plus dire
je t’aime
je suis rendu un ex
un excellent ami
une entrée dans l’index
de sa biographie
je suis rendu un ex
mes yeux voient s’envoler
leur indice humidex
et l’espoir désolé
|
||||
11. |
vente de déménagement
02:40
|
|||
duvet deux places
atlas routier
prix négociable état parfait
ficus corde à
sauter pendule
apprendre à masser pour les nuls
lot de fantasmes
inassouvis
serments d’amour jamais servis
à qui la chance
choix de projets
et de caresses périmées
regrets remous
espoirs peut-êtres
tout doit disparaitre
|
||||
12. |
décollés
03:29
|
|||
nos cœurs s’étaient collés
en s’entremêlant comme
deux facétieux chewing-gums
sous un banc d’écoliers
nos cœurs s’étaient collés
et puis la vie s’en vint
bifurquer d’un coup sec
tu es partie avec
un petit bout du mien
et puis la vie s’en vint
un petit bout arra-
ché au fin fond de moi
un bout de rien du tout
mais qui me fout
un gigantesque trou
dans tes lèvres rosées
les baisers boomerang
et les mots doux fusaient
mais j’ai perdu ma langue
dans tes lèvres rosées
s’il faut rompre à tout prix
chaque nœud de mon corps
où tu palpites encore
bonjour la boucherie
s’il faut rompre à tout prix
ce petit bout qui bouge
qui repeint tout en rouge
et qui écrit en gros
ton nom dans mon cerveau
à mon grand désarroi
il n’y a plus que des clous
qui me relient à toi
et je tiens plus que tout
à mon grand désarroi
nos cœurs s’étaient collés
et je garde toujours
le feu de notre amour
au fond de mon foyer
nos cœurs s’étaient collés
et je pourrais brûler
en repensant qu’un jour
nos cœurs s’étaient collés
|
||||
13. |
la ronde des saisons
02:23
|
|||
fonder
lentement mais sûrement
un beau chaleureux foyer
et sentir en un instant
les murs tomber par terre
l’avenir se défaire
tout l’univers s’écrouler
perdre
contenance et contenu
perdre espoir à perdre haleine
être si seul et si nu
que tout devient possible
on va libre et sensible
en avant vers l’inconnu
valser
au gré des vents arbitraires
porté aux nues mis à terre
toujours à recommencer
jusqu’à ce que l’idée naisse
qu’à tournoyer sans cesse
autant se mettre à danser
à entrer dans la ronde
chaotique du monde
d’un petit pas cadencé
puisque dans son grand bal
la vie nous brinqueballe
autant se mettre à danser
|
||||
14. |
la fonte des neiges
03:25
|
|||
le printemps a percé
les remparts du froid
une craque à mes pieds
une brèche en moi
écartant mes œillères
j’ai soudain senti
dans mon cœur en jachère
bourgeonner l’envie
envie
de frémir et d’éclore
maintenant et ici
quitte à tomber encore
sentir que je suis en vie
déchirant le vernis
transperçant la glace
un geyser a jailli
de ma carapace
il remplit de couleurs
l’hiver et la nuit
l’inconnu de splendeurs
et mon corps d’envies
envie
de frémir et d’éclore
maintenant et ici
quitte à tomber encore
sentir que je suis en vie
envie
de frémir et d’éclore
maintenant et ici
quitte à tomber encore
envie de brûler le bois mort
quitte à me brûler aussi
mais sentir que je suis en vie
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