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La D​é​ambule

by Laurent Corbec

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1.
Préambule 01:14
2.
Il était une fois, au-delà des collines, un curieux promeneur qui portait sur son dos des mots, des sons, des vers, des airs de mandoline, les cahots de son cœur en guise de tempo. Or, un jour qu’il flânait en bayant aux corneilles, apparut, tout à coup, dans un grand tourbillon, tout à coup, sous ses yeux, éclipsant le soleil, un papillon.
3.
C'était une petite bestiole aux allures de starlette avec des jolies bouclettes en clef de sol, des yeux comme des corolles écarquillées dont les cils semblaient des ailes graciles toujours en vol. La bébête s’approcha, fit deux tours puis repartit, puis revint et se posa juste sur lui... Ce frôlement fut si bon que le promeneur frémit. Mais quand son cœur fit un bond, pudibond, l’insecte fuit.
4.
Son vol se propagea en folles arabesques dont la traînée dans son sillage fit fugitivement un « the end » romanesque avant de former un nuage. Le promeneur reprit sa route et ses esprits, d'une démarche un peu plus louche. Il sentait cliqueter… comme un truc… incompris, comme un caillou dans sa babouche… et il se dit : Tiens, aurais-je abusé de mon thermos ?... Par Eros ! Tout mon poids penche du côté gauche et me rend maladroit. J'ai les tempes en feu, les jambes ramollos et toutes ces rêvasseries qui assaillent mon cerveau... Ce volatile a-t-il inoculé en moi un poison indolore ?!... Je ne marche plus droit ! Quoi ?! La petite bête affolerait la grosse ?? Allons, en avant toute ! Allez, ressaisis-toi ! Ce n’est tout compte fait qu’une simple bestiole, une chenille avec des ailes, éphémère en résille affublée de babioles, et, même si mon imbécile de cœur bêle, il n’y a pas de danger que ma Raison s’étiole, pas la moindre raison que ma tête se fêle à cause d’elle…
5.
Non, pas la moindre raison, bon… mais concédons quand même que cette nymphe bohème était sans comparaison. Toute loi comporte en elle forcément une exception et la loi de l’attraction l’avouait exceptionnelle. D’ailleurs la légende assure qu’elle descendait du ciel par décret providentiel en aéroplane azur et qu’à sa vue, faune et flore, comme toute la nature, prenaient sa température et se mettaient à éclore.
6.
Car cette petite bébête bénite… ...était la reine des pirouettes et changeait les gens en girouette, diva, prodige de la voltige, virevoltant, planant, que dis-je, quel mot à son vol conviendrait ?... voilà : elle « papillonnait » ! Et caracolait à tue-tête dès que fleurait un air de fête, mais savait se faire mutine pour que sa lèvre ourlée butine maints petits festins arrosés de gouttelettes de rosée et quand la lune était éclose, elle osait sa métamorphose, surgissant alors en ovni, princesse ou papillon de nuit. Ses belles ailes – au contraire de ces hautains lépidoptères qui ne jurent que par les roses – frayaient toutes sortes de choses. Elle était volante et volage, ne craignant ni entomophages ni prédateurs du biotope qui la prenaient en auto-stop. Débattant avec les oiseaux des beaux gazouillis de Rameau, elle filait, soudain coquette, avec les poules qui caquettent, puis, entre deux vols, paradait sur le crâne d’un grand dadais, partait rafraîchir les cactus ou infléchir les cumulus et venait même se percher sur les marcheurs amourachés.
7.
8.
Papillon, papillon, ma tête est inondée de désirs vagabonds au parfum vanillé et tes jolies œillades, comme un phare émergé, sauvent de la noyade mon esprit naufragé. Papillon, papillon, je me sens bourgeonner ; mes défenses se font toutes molletonner. Si nous nous rassemblions, unissant sol et ciel, si nous nous emmêlions, entremêlions de miel ? Je connais, papillon, de douces voluptés par milliers ; par millions on va s'en inventer. à l’idée qu'on s'effeuille, les étoiles rougeoient en lançant des clins d’œil et des larmes de joie !
9.
Papille 01:57
Wouhou !!! Je suis un papillon, trop bon ! Tralalalère, moi, je m’envoie en l’air !! Mais tu n’es qu’un piéton et ton destin s’arrête au raz des pâquerettes. Fais attention, danger ! Moi j’ai le cœur précieux… on touche avec les yeux. Il faut que je décolle, – pipole – les dieux du ciel au septième m’appellent. Je passe tout à l’heure – chaleur – faire un bécot. Je t’envoie un texto. Ça reste entre nous deux, mon vieux, surtout, motus ! Bon, je te laisse, à plus… Adieu !!
10.
Connais-tu cette étrange plante qui pousse à l'intérieur de nous quand notre douce et tendre s'en va s'étendre ailleurs ? Connais-tu ces ronces rebelles, et ces racines folles qui nous transpercent la cervelle et fissurent le sol ? Cette herbe mauvaise et farouche tu l'arroses à ras bord, son fruit fermente dans ma bouche et me laisse ivre-mort. Moi, je connais cette étrange plante qui pousse à l'intérieur de nous quand le soleil supplante la brume et la torpeur. Oui, mais moi j’aime la sentir pousser, pousser encore, grandir, éclore et s’épanouir à travers tout mon corps. Ses ronces, je les lui pardonne, tant que son fruit m'enivre et que sa sève douce donne une raison de vivre. D'accord, tu t'amuses en surface, passant de fleur en fleur mais le plaisir déjà s'efface à peine tu l'effleures. Pourquoi s'attarder sur des choses quand tout fane à la fin, et se contenter d'une rose quand on a un jardin ? Rien ne se fane, tout prospère dès que l'on y prend soin, dans un jardin mis en jachère on ne récolte rien. La récolte à venir est lente, la présente est meilleure : je connais cette étrange plante qui pousse à l'intérieur ! Je connais cette étrange plante qui pousse à l'intérieur. Je connais cette étrange plante qui pousse à l'intérieur.
11.
12.
C'est la loi magnétique, oui, la loi des aimants, qui meut la mécanique antique des amants. Attraction-répulsion alternent à tour de rôle selon l'orientation et l'humeur des dipôles. Tu es chat, moi, souris ; je m'enfuis et tu pleures, je reviens, tu souris, j'approche, tu m'effleures et m'enlaces et salives et dévores et t'écœures puis me laisses écorchée vive une griffe en plein cœur. Tu haussais les épaules d'un geste mécanique, mais que s'inversent les pôles et ça y est, tu paniques ! J'avance, tu recules, tu consens, je compense, tu ressens, je calcule qu'on est perdus d'avance. Pôle Nord, pôle Sud ce n'est qu'un jeu de rôle. Bientôt, tout se dénude, bientôt, ça n'est plus drôle. Juste après leur contact, les pôles s'indiffèrent, leurs flammes se rétractent, il fait un froid polaire. C'est la loi magnétique, oui, la loi des aimants qui meut la mécanique antique des amants.
13.
Ah ! Tu te joues de moi comme d’un boomerang. N’as-tu donc point de cœur, insaisissable mouche, pour me faire bouillir puis me laisser exsangue, seul, sur la touche ? Si jamais tu m’approches, et m’effleures, et me touches avant que tu t’enfuies, juste avant que je tangue, je te vole un baiser, et un vrai : sur la bouche… avec la langue.
14.
G.O.N.E. 03:35
À force de scruter en l'air, il s'éloignait hors du sentier et, écrasant tout sous ses pieds, il perdit son itinéraire... Il espéra decrescendo le bécot, le texto… en vain, car la bestiole ne revint pas sur le sol… pas de sitôt. Alors, les yeux rivés par terre, en attendant que le temps passe, il transbahuta sa carcasse pour fuir les pensées délétères. Dans son petit cœur vermillon régnait une ambiance de forge tandis qu'implacable, à sa gorge, se serrait un nœud papillon.
15.
Allez, ça va, ça va, ÇA VA !… Assez de dégâts, de dégoût… Assez de trous dans l'agenda à jouer au con, à jouer au clown, pour un putain de parpaïoun qui rend fada ! Pour t’attraper ô papillon je me ferai papier tue-mouche ou bien encore caméléon pour pouvoir darder à ta bouche le bout d'une langue qui fourche vers la passion. Mais pour que tu réapparaisses faut-il invoquer les vaudous ? Prier ? Accomplir des prouesses ? Venir te voler en coucou ? Prendre des gants ? Donner des coups ? Ou des caresses ? Est-ce qu'il faut passer en force ou en finesse ? Est-ce qu'il faut des feux de joie ou de détresse ?
16.
Laisse-la 02:43
Je t’y prends, tu voulais à l'appeau roucouler, étendre ton filet, et attraper la belle. Tu la voulais pour toi dans un beau cadre en bois exposée à la joie de tes seules prunelles. Or, c’est un feu follet qui brûle les stylets, se défie des filets et file entre les doigts. Quoi ! Tu veux qu’on l’enjôle, l’imbibe de formol et qu'on la cloue au sol d’un aiguillon sournois ?! Malheureux ! Criminel ! Tes élans passionnels arracheraient ses ailes et figeraient son cœur. Ravale tes paroles, oublie-la et picole ton litron de formol pour calmer tes ardeurs. Reprends-toi, grand couillon, reprends cet aiguillon et son aspiration anti-vie, antivol. Plante-le où tu veux… dans ton cul, dans tes yeux, dans ton cœur capricieux, mais qu’il la laisse en vol !!! Laisse-la, laisse-la, laisse-la la la là-haut Laisse-la, là, ou tu y laisseras la peau.
17.
18.
Mixer pensées, soucis et citronnelle, deux gouttes de doute, un zeste d'irrationnel. Laisser glacer dans un grand vague à l’âme Piler, horripiler, puis les passer aux flammes Saisir avec plaisir, sortir quand ça rissole, bonder dans des bonbonnes aérosol. Sceller tous les accès d'un air placide. En haut, en gros, marquer: « Danger ! Insecticide ».
19.
Feu ! 01:11
Armé d'un parasol et d'un étrange spray, le héros s'auréole, le promeneur est prêt, oui, il est prêt à tout, surtout à en découdre avec ce maudit coup de foudre. Et il prend son essor, que ça passe ou ça casse, bondit comme un ressort sort de sa carapace ! Il pressent les tourments, les sanglots fatidiques suivis d'un dénouement tragique. Enfin, sur la gâchette, il pose un doigt vengeur, lève l'arme secrète, l'oriente vers son cœur. Chacun s'attend au pire, lorsque... « Trois, deux, un, feu ! » il se met à ouvrir les yeux.
20.
Fin 03:07
Ça butine par-ci, par-là ça papillonne, ça fourmille partout et partout ça s'étend, mais, au centre, un bipède ébahi se soupçonne d'être en somme tombé amoureux du printemps ! Amoureux des couleurs, des parfums, des murmures, amoureux du soleil et amoureux du vent, des fleurs, des animaux, de toute la nature, amoureux de la vie et des êtres vivants. C'est l'heure des violons, c'est la fin de l'histoire et notre bon héros, le joyeux promeneur, s'en va vers l'horizon d'un pas jubilatoire sifflant, sans le savoir, un air plein de candeur et d'ardeur et d'espoir, en sol majeur.

credits

released May 1, 2015

Paroles et musique
Laurent Corbec


Le chœur
Soprano : Diane Pronovost
Alto : Christiane Théberge
Ténor : Michel Rabagliati
Basse : Stéphane Théorêt

Le papillon
Solène Derbal

Le promeneur
Laurent Corbec

Euphonium : Jonathan Zwaenepoel
Flûte traversière : Ronan Baduel
Autres instruments et bidouilles diverses : Laurent Corbec


Prise de son, mixage et réalisation
Laurent Corbec

Mastering : Eric Poitevin (Le Lab Mastering)

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Laurent Corbec Montreal, Québec

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