1. |
Préambule
01:14
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2. |
Il était une fois
01:41
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Il était une fois, au-delà des collines,
un curieux promeneur qui portait sur son dos
des mots, des sons, des vers, des airs de mandoline,
les cahots de son cœur en guise de tempo.
Or, un jour qu’il flânait en bayant aux corneilles,
apparut, tout à coup, dans un grand tourbillon,
tout à coup, sous ses yeux, éclipsant le soleil,
un papillon.
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3. |
La petite bestiole
02:06
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C'était une petite bestiole
aux allures de starlette
avec des jolies bouclettes
en clef de sol,
des yeux comme des corolles
écarquillées dont les cils
semblaient des ailes graciles
toujours en vol.
La bébête s’approcha,
fit deux tours puis repartit,
puis revint et se posa
juste sur lui...
Ce frôlement fut si bon
que le promeneur frémit.
Mais quand son cœur fit un bond,
pudibond,
l’insecte fuit.
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4. |
Avertissement céleste
03:12
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Son vol se propagea en folles arabesques
dont la traînée dans son sillage
fit fugitivement un « the end » romanesque
avant de former un nuage.
Le promeneur reprit sa route et ses esprits,
d'une démarche un peu plus louche.
Il sentait cliqueter… comme un truc… incompris,
comme un caillou dans sa babouche…
et il se dit :
Tiens,
aurais-je abusé de mon thermos ?...
Par Eros !
Tout mon poids
penche du côté gauche et me rend maladroit.
J'ai les tempes en feu, les jambes ramollos
et toutes ces rêvasseries qui assaillent mon cerveau...
Ce volatile a-t-il inoculé en moi
un poison indolore ?!... Je ne marche plus droit !
Quoi ?! La petite bête affolerait la grosse ??
Allons, en avant toute ! Allez, ressaisis-toi !
Ce n’est tout compte fait qu’une simple bestiole,
une chenille avec des ailes,
éphémère en résille affublée de babioles,
et, même si mon imbécile de cœur bêle,
il n’y a pas de danger que ma Raison s’étiole,
pas la moindre raison que ma tête se fêle
à cause d’elle…
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5. |
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Non, pas la moindre raison,
bon… mais concédons quand même
que cette nymphe bohème
était sans comparaison.
Toute loi comporte en elle
forcément une exception
et la loi de l’attraction
l’avouait exceptionnelle.
D’ailleurs la légende assure
qu’elle descendait du ciel
par décret providentiel
en aéroplane azur
et qu’à sa vue, faune et flore,
comme toute la nature,
prenaient sa température
et se mettaient à éclore.
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6. |
La gigue papillonne
01:38
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Car cette petite bébête bénite…
...était la reine des pirouettes
et changeait les gens en girouette,
diva, prodige de la voltige,
virevoltant, planant, que dis-je,
quel mot à son vol conviendrait ?...
voilà : elle « papillonnait » !
Et caracolait à tue-tête
dès que fleurait un air de fête,
mais savait se faire mutine
pour que sa lèvre ourlée butine
maints petits festins arrosés
de gouttelettes de rosée
et quand la lune était éclose,
elle osait sa métamorphose,
surgissant alors en ovni,
princesse ou papillon de nuit.
Ses belles ailes – au contraire
de ces hautains lépidoptères
qui ne jurent que par les roses –
frayaient toutes sortes de choses.
Elle était volante et volage,
ne craignant ni entomophages
ni prédateurs du biotope
qui la prenaient en auto-stop.
Débattant avec les oiseaux
des beaux gazouillis de Rameau,
elle filait, soudain coquette,
avec les poules qui caquettent,
puis, entre deux vols, paradait
sur le crâne d’un grand dadais,
partait rafraîchir les cactus
ou infléchir les cumulus
et venait même se percher
sur les marcheurs amourachés.
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7. |
Butterflight Airways
02:57
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8. |
L'appel de l'appeau
02:38
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Papillon, papillon,
ma tête est inondée
de désirs vagabonds
au parfum vanillé
et tes jolies œillades,
comme un phare émergé,
sauvent de la noyade
mon esprit naufragé.
Papillon, papillon,
je me sens bourgeonner ;
mes défenses se font
toutes molletonner.
Si nous nous rassemblions,
unissant sol et ciel,
si nous nous emmêlions,
entremêlions de miel ?
Je connais, papillon,
de douces voluptés
par milliers ; par millions
on va s'en inventer.
à l’idée qu'on s'effeuille,
les étoiles rougeoient
en lançant des clins d’œil
et des larmes de joie !
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9. |
Papille
01:57
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Wouhou !!!
Je suis un papillon,
trop bon !
Tralalalère,
moi, je m’envoie en l’air !!
Mais tu n’es qu’un piéton
et ton
destin s’arrête
au raz des pâquerettes.
Fais attention, danger !
Moi j’ai
le cœur précieux…
on touche avec les yeux.
Il faut que je décolle,
– pipole –
les dieux du ciel
au septième m’appellent.
Je passe tout à l’heure
– chaleur –
faire un bécot.
Je t’envoie un texto.
Ça reste entre nous deux,
mon vieux,
surtout, motus !
Bon, je te laisse, à plus…
Adieu !!
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10. |
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Connais-tu cette étrange plante
qui pousse à l'intérieur
de nous quand notre douce et tendre
s'en va s'étendre ailleurs ?
Connais-tu ces ronces rebelles,
et ces racines folles
qui nous transpercent la cervelle
et fissurent le sol ?
Cette herbe mauvaise et farouche
tu l'arroses à ras bord,
son fruit fermente dans ma bouche
et me laisse ivre-mort.
Moi,
je connais cette étrange plante
qui pousse à l'intérieur
de nous quand le soleil supplante
la brume et la torpeur.
Oui, mais moi j’aime la sentir
pousser, pousser encore,
grandir, éclore et s’épanouir
à travers tout mon corps.
Ses ronces, je les lui pardonne,
tant que son fruit m'enivre
et que sa sève douce donne
une raison de vivre.
D'accord, tu t'amuses en surface,
passant de fleur en fleur
mais le plaisir déjà s'efface
à peine tu l'effleures.
Pourquoi s'attarder sur des choses
quand tout fane à la fin,
et se contenter d'une rose
quand on a un jardin ?
Rien ne se fane, tout prospère
dès que l'on y prend soin,
dans un jardin mis en jachère
on ne récolte rien.
La récolte à venir est lente,
la présente est meilleure :
je connais cette étrange plante
qui pousse à l'intérieur !
Je connais cette étrange plante
qui pousse à l'intérieur.
Je connais cette étrange plante
qui pousse à l'intérieur.
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11. |
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12. |
La mécanique des pôles
02:30
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C'est la loi magnétique,
oui, la loi des aimants,
qui meut la mécanique
antique des amants.
Attraction-répulsion
alternent à tour de rôle
selon l'orientation
et l'humeur des dipôles.
Tu es chat, moi, souris ;
je m'enfuis et tu pleures,
je reviens, tu souris,
j'approche, tu m'effleures
et m'enlaces et salives
et dévores et t'écœures
puis me laisses écorchée vive
une griffe en plein cœur.
Tu haussais les épaules
d'un geste mécanique,
mais que s'inversent les pôles
et ça y est, tu paniques !
J'avance, tu recules,
tu consens, je compense,
tu ressens, je calcule
qu'on est perdus d'avance.
Pôle Nord, pôle Sud
ce n'est qu'un jeu de rôle.
Bientôt, tout se dénude,
bientôt, ça n'est plus drôle.
Juste après leur contact,
les pôles s'indiffèrent,
leurs flammes se rétractent,
il fait un froid polaire.
C'est la loi magnétique,
oui, la loi des aimants
qui meut la mécanique
antique des amants.
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13. |
Sur la touche
02:11
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Ah ! Tu te joues de moi comme d’un boomerang.
N’as-tu donc point de cœur, insaisissable mouche,
pour me faire bouillir puis me laisser exsangue,
seul, sur la touche ?
Si jamais tu m’approches, et m’effleures, et me touches
avant que tu t’enfuies, juste avant que je tangue,
je te vole un baiser, et un vrai : sur la bouche…
avec la langue.
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14. |
G.O.N.E.
03:35
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À force de scruter en l'air,
il s'éloignait hors du sentier
et, écrasant tout sous ses pieds,
il perdit son itinéraire...
Il espéra decrescendo
le bécot, le texto… en vain,
car la bestiole ne revint
pas sur le sol… pas de sitôt.
Alors, les yeux rivés par terre,
en attendant que le temps passe,
il transbahuta sa carcasse
pour fuir les pensées délétères.
Dans son petit cœur vermillon
régnait une ambiance de forge
tandis qu'implacable, à sa gorge,
se serrait un nœud papillon.
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15. |
La tentation caméléon
02:08
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Allez, ça va, ça va, ÇA VA !…
Assez de dégâts, de dégoût…
Assez de trous dans l'agenda
à jouer au con, à jouer au clown,
pour un putain de parpaïoun
qui rend fada !
Pour t’attraper ô papillon
je me ferai papier tue-mouche
ou bien encore caméléon
pour pouvoir darder à ta bouche
le bout d'une langue qui fourche
vers la passion.
Mais pour que tu réapparaisses
faut-il invoquer les vaudous ?
Prier ? Accomplir des prouesses ?
Venir te voler en coucou ?
Prendre des gants ? Donner des coups ?
Ou des caresses ?
Est-ce qu'il faut passer en force
ou en finesse ?
Est-ce qu'il faut des feux de joie
ou de détresse ?
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16. |
Laisse-la
02:43
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Je t’y prends, tu voulais
à l'appeau roucouler,
étendre ton filet,
et attraper la belle.
Tu la voulais pour toi
dans un beau cadre en bois
exposée à la joie
de tes seules prunelles.
Or, c’est un feu follet
qui brûle les stylets,
se défie des filets
et file entre les doigts.
Quoi ! Tu veux qu’on l’enjôle,
l’imbibe de formol
et qu'on la cloue au sol
d’un aiguillon sournois ?!
Malheureux ! Criminel !
Tes élans passionnels
arracheraient ses ailes
et figeraient son cœur.
Ravale tes paroles,
oublie-la et picole
ton litron de formol
pour calmer tes ardeurs.
Reprends-toi, grand couillon,
reprends cet aiguillon
et son aspiration
anti-vie, antivol.
Plante-le où tu veux…
dans ton cul, dans tes yeux,
dans ton cœur capricieux,
mais qu’il la laisse en vol !!!
Laisse-la, laisse-la,
laisse-la la la là-haut
Laisse-la, là,
ou tu y laisseras la peau.
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17. |
Le bruit des écoulis
03:38
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18. |
Recette insecticide
01:45
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Mixer
pensées,
soucis et citronnelle,
deux gouttes
de doute,
un zeste d'irrationnel.
Laisser
glacer
dans un grand vague à l’âme
Piler,
horripiler,
puis les passer aux flammes
Saisir
avec plaisir,
sortir quand ça rissole,
bonder
dans des
bonbonnes aérosol.
Sceller
tous les
accès d'un air placide.
En haut,
en gros,
marquer: « Danger ! Insecticide ».
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19. |
Feu !
01:11
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Armé d'un parasol
et d'un étrange spray,
le héros s'auréole,
le promeneur est prêt,
oui, il est prêt à tout,
surtout à en découdre
avec ce maudit coup
de foudre.
Et il prend son essor,
que ça passe ou ça casse,
bondit comme un ressort
sort de sa carapace !
Il pressent les tourments,
les sanglots fatidiques
suivis d'un dénouement
tragique.
Enfin, sur la gâchette,
il pose un doigt vengeur,
lève l'arme secrète,
l'oriente vers son cœur.
Chacun s'attend au pire,
lorsque... « Trois, deux, un, feu ! »
il se met à ouvrir
les yeux.
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20. |
Fin
03:07
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Ça butine par-ci, par-là ça papillonne,
ça fourmille partout et partout ça s'étend,
mais, au centre, un bipède ébahi se soupçonne
d'être en somme tombé amoureux du printemps !
Amoureux des couleurs, des parfums, des murmures,
amoureux du soleil et amoureux du vent,
des fleurs, des animaux, de toute la nature,
amoureux de la vie et des êtres vivants.
C'est l'heure des violons, c'est la fin de l'histoire
et notre bon héros, le joyeux promeneur,
s'en va vers l'horizon d'un pas jubilatoire
sifflant, sans le savoir,
un air plein de candeur
et d'ardeur et d'espoir,
en sol majeur.
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