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bagatelles intempestives

by Laurent Corbec

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planguillon
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planguillon Un grand talent d'écriture ! Des chansons qui font sourire, et réfléchir... Favorite track: Felix.
mastrouz
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mastrouz mon cher Laurent, merci pour ces ritournelles aux paroles douces comme du miel, qui te ressemblent, et tes arrangements sautillants et pétillants. tous les artistes ne sont décidément pas des cons, et merci pour ça ! je t'embrasse bien fort.
Mathieu
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1.
Qu’on se le dise, la bêtise n’est pas le monopole des couillons : des gens très bien sympathisent avec ce mal abscons et même les artistes sont des cons. Consciencieusement et sans la moindre inhibition, ils confirment avec talent cette lourde réputation, toute leur vie, tous leurs gestes en sont la démonstration, les artistes sont des cons. Ils cultivent à contrecœur les affres de la création prétextant que le bonheur jugulerait leur production ; l’« imbécile heureux » est, pour eux, vulgaire et infécond… les artistes sont de tristes cons. Ils ont beau transformer la boue en or, l’eau en bourbon, ils méprisent le succès et sa rançon. L’argent ne rime à rien qui vaille et, conclusion, les artistes sont de pauvres cons. Leur vie est la matière première de leur inspiration, l’amour le nerf de guerre de leur imagination, l’humanité entière n’est que de la chair à fiction… Les artistes sont de sales cons ! Seules les stars sans talent, les imposteurs impénitents sont admirables, car leur art est en argent comptant, car leur art est art de vivre, vivre d’ivresse et de vent ils ne meurent pas pour un livre, mais font de leur vie un roman. Contrairement à ces joyeux larrons, les vrais artistes sont maladroits et pâlichons d’ailleurs leurs contemporains, alliant bon sens et dérision, désignent par « l’artiste » le gentil con. Ils prétendent avec fierté œuvrer pour d’autres générations, mais la postérité, c’est par définition un peu trop tard pour savourer éloges et distinctions… les artistes sont d’impérissables cons ! On pourrait me penser mû par la frustration, mais je suis bien placé pour chanter cette chanson : je ne suis pas un artiste, certes, vous avez raison, mais je suis quand même un con. La postérité, la souffrance, la passion servent surtout à édifier leur illusion. La création n’est qu’une vaine et banale occupation, les artistes sont des cons. Et d’après les spécialistes, il semblerait bien qu’on soient tous un peu artistes dans le fond…
2.
J’ai une petite amie plus tendre que la mie d’un petit pain viennois au feu de bois. Mais elle fait la dure et il faut que j’endure mille et quelques supplices pour un délice. J’ai une dulcinée, la vie et le ciné- ma, elle ne fait pas trop le distinguo. Mais sa peau est si douce que ma raison s’émousse quand son bec abricot fait des bécots. J’ai une petite minouche qui de mon cœur farouche ne fait qu’une bouchée amourachée, puis s’essuie les babines et laisse ma poitrine en plan avec, dedans, un trou béant. J’ai une petite gonzesse dont les seins et les fesses forment un S rempli de sucreries. Mais elle fait la moue et j’en connaîtrai le goût quand les poules auront des caries a priori. Bref, Ma petite amoureuse est tendre, abricotée, gourmande, savoureuse… en un mot : à croquer. Mais elle reste chez elle, et je reste chez moi, c’est un couple modèle, modèle « chacun pour soi », car elle reste chez elle et je reste chez moi à faire des ritournelles comme en plein célibat.
3.
Felix 04:58
Chômeur polyvalent cherche emploi saisonnier, si possible à mi-temps et télétravaillé. Salaire suffisant pour ne pas y penser plus tickets restaurant et machine à café. Compétences notables : bonhomie naturelle, honnêteté modulable, sommeil exceptionnel. Bonne constitution, mais incapacité à la compétition et à l’autorité. Si cette annonce vous convainc, parlons-en autour d’un bon vin, je serai plus prolixe… Dès que vous aurez un instant, venez au bistrot Le Bon Temps et demandez Felix. Vieux garçon un peu frêle cherche profil opposé pour relations sexuelles, plus si affinités. Vous : physique agréable mental pas compliqué, expérience souhaitable, propreté exigée. Situation maritale et âge indifférents si minimum légal et conjoint non violent. Préférences horaires : éviter matinées. Fréquence : hebdomadaire. Pied-à-terre apprécié. Pour toute info supplémentaire, découvrons-nous au bord d’un verre, je serai plus prolixe… Venez tant qu’il y a de la place, au Bellevue, à la terrasse, et demandez Felix. Auteur-compositeur, mondialement ignoré recherche producteur pour beau disque doré. Objectifs sous-jacents : sex, drugs, ukulélé salaire suffisant et travail saisonnier. Si les bonnes ondes vous gagnent, discutons-en donc au champagne, je serai plus prolixe… Passez un jour à l’improviste au petit troquet Les Artistes et demandez Felix, Tous les habitués me connaissent c’est un peu ma deuxième adresse, j’y suis comme chez moi. En sirotant mon picon-bière, je fantasme sur la taulière et les offres d’emploi. Le jeudi, c’est karaoké, je chantonne entre deux hoquets rengaines et remixes. Alors passez avant que passe l’heure au Rendez-Vous Des Grands Rêveurs et demandez Felix.
4.
Cappuccino, latte, moka, pain blanc, pain brun ou ciabatta… un tablier ceint ma bedaine dans un restaurant du Mile-End : je suis bon à rien, touche-à-tout, bouc-émissaire et bouche trous. Derrière les fourneaux ardents, grincent couteaux et fausses dents, José râle en regardant l’heure, Rosa raconte ses malheurs... Quand le patron remue, c’est que la clientèle fait la queue, quand le chignon d’Anna cahote c’est que sont cuites les carottes. Le rire de Javier fait peur au turbulent percolateur et Malika, en un regard, fait flamber le cours du pourboire ! Elle prodigue sucre, thé, café, sourire à volonté, remplit d’ardeur mon ventre vide et, quand le client se décide, elle m’écrit des petits mots : « un grand viennois, deux espressos ». Cafés bouillants ou crimes froids... je ferai tout ce qu’elle voudra ! Tandis que le lait chauffe et douc- -ement se meut, se mue en mousse, je laisse mes yeux parcourir la lèvre ourlée, l’onctueux sourire de ma… de ma… de Malika !... Cappuccino, latte, moka... il est grand temps de faire la plonge et de passer un coup d’éponge sur les coulées d’arabica.
5.
Du coup 02:20
J’aime les coups d’inspiration, les coups de points d’exclamation, j’aime les couplets qui font des secousses, les coups d’essai, coups de génie, les coups de dés, coups de folie, les coups de chance et les haïkus de pouce, J’aime les coups d’œil en passant, les coups de foudre incandescents, les coups de cœurs, de main, de rein, de rouge... Des coups, moi j’en ai pris beaucoup, mais ça n’a rien donné du tout et ça me fout un méchant coup de blues... du coup je rendrai tout, c’est promis, coup pour coup. J’aime les coups, les coups gagnants, tant les coups droits et les coups francs, que les coups fourrés et les coups de coude. J’aime les courants électriques, électrochocs et coups de trique, coups de censure et suspects sur écoute. J’aime les coups de Trafalgar, les coups d’État, coups de pétard, les coups de grâce et les coûte que coûte. Des coups, j’en ai donné beaucoup, ça m’a couté la peau du cou, mais ça ne m’a rien apporté, pantoute ! du coup je reprends tout, c’est promis, coup pour coup. J’aime les coups d’inspiration…
6.
Comment faut-il être pour être comme il faut ? Comment faut-il être, ma pauvre Titsoso ? Faut-il juste paraître ? Imiter ses héros ? Apprendre à se connaitre ? Ou partir en impro sur « être ou ne pas être » ?... Moi, je ne sais pas trop. C’est fou comme c’est chaud de gommer ses défauts, c’est chou comme c’est faux d’avoir l’air comme il faut ! Toi, ça te fait du mal, tu as du mal, ma So, à faire, en général, comme les gens normaux et malgré moi je râle : ton mal rallie mes mots. Mais si c’est comme ça, soucis, filez fissa ! Si c’est pour avoir mal, autant être anormale, et autant que tu sois vraiment comme il faut pas. Quand le Vrai parait faux, la foi une défaite, fous-toi de ce qu’il faut et tu seras parfaite. Puisqu’être c’est déjà un sacré paramètre, déjà un but en soi, contente-toi donc d’être oui, sois, et tu verras comme c’est bien d’être toi. Tous les autres ont la leur, moi, je sais ta valeur. Et je sais que tu vaux bien plus que ce qu’il faut. Quoique tu ne sois pas tout à fait « comme il faut », malgré quelques faux pas et quelques porte-à-faux, les milliers de pourquoi, les millions de bobos, les phrases un peu Biba, les trucs un peu pipo, les ronces dans ta voix, les boutons sur ta peau, avec tes petits doigts qui cachent des gros mots, la tristesse et la joie mélangeant leurs pinceaux, dans ton grand cœur qui bat au mépris du tempo, moi, je garde la foi en ce que tu es, toi, ce qu’on sera bientôt, j’achète tout le lot ! Je te prends comme ça : tu es ce qu’il me faut.
7.
Riches 03:59
Si tu n’as plus un sou ou si tu croules sous des millions de soucis, viens chanter avec nous et tu reverras tout ça d’un œil adouci. Viens, un mal pour un bien... au moins, quand on n’a rien, on n’a rien qui nous gêne. On se moque, on se moque de tout, on est libre, on est ivre, on est fou, pour peu que l’on comprenne... ... qu’on est riches, riches, riches, on est riches, riches de temps. Vous, combien de vos prétendus riches pourraient en dire autant ? On est riches, riches, riches, on est riches : riches de temps ! Laisse donc les puissants recompter jusqu’à « sans » l’intérêt de ce qu’ils font et se vider de leur sang précieux en remplissant de sombres puits sans fond. Régner, à quoi ça sert si c’est pour être serf d’un tyrannique joug ?... L’argent n’a, l’argent n’a pas d’odeur, pas de sel, pas la moindre saveur, ni de valeur, alors que nous... ... on est riches, riches, riches on est riches, riches en goût ! Goût salé, goût piquant, goût de vivre sont les piments de notre ragoût, on est riches, riches, riches, on est riches : riches en goût. Riches, on est riches de tous les principaux atouts, c’est là, devant nos yeux : millionnaires en secondes locataires d’un monde immense et merveilleux. Riches, on est riches de tant de projets palpitants et d’idées infinies ! Y’en a plein, y’en a trop... servez-vous ! C’est à toi, c’est à moi, c’est à nous, et ça n’a pas de prix... on est riches, riches, riches, on est riches, riches de vie, oui, de vie et le reste on s’en fiche tant que notre cœur fait de la batterie, il nous joue notre tempo fétiche, il nous pulse la fougue et l’envie, on est riches, riches, riches on est riches, riches de vie !
8.
Là-haut, dans l’obscurité immense, y a-t-il quelqu’un qui regarde en bas, comptant nos bienfaits et nos offenses ? Je ne sais pas. Y a-t-il une force, une onde, un être qui répond vraiment à nos « pourquoi » ? qui balaie les « comment », les « peut-être » ?... Je ne sais pas. Chacun semble avoir son avis sur la question et n’en déroge pas ; pour ma part, une seule chose est sûre : je ne sais pas. Mais faut-il que j’arrête de penser à ça ? Je ne sais pas. Là-haut dans l’espace vide et morne, y a-t-il un début et une fin ? le néant si on dépasse les bornes ?... Je n’en sais rien. Est-ce qu’une équation pleine de science entre le grand Tout vient faire un lien pour en démontrer l’insignifiance ? Je n’en sais rien. Mais faut-il qu’on arrête de chercher en vain ? Je n’en sais rien. Là-haut tout là-haut, quand on voit luire dans l’obscurité tous ces éclats, c’est bien plus excitant de se dire « je ne sais pas », d’admirer cette harmonie céleste en tâchant que chacun ici-bas puisse vivre en paix et, quant au reste, je ne sais pas.
9.
Doudoune 03:41
Quelle température ! Tout est froid, blanc et dur, les trottoirs, les badauds... mais je sais un lieu sûr, un petit coin bien chaud. Si tu es court-vêtue, si tu gèles, si tu te sens un peu tristoune, tu es la bienvenue au chaud dans ma doudoune ! Un peu seule, un peu nue Un peu déconvenue Tu es la bienvenue au chaud dans ma doudoune. Dehors, c’est le vacarme, tout se presse, s’alarme se combat, se consume, chacun choisit son arme... la mienne est faite en plumes. Vu de sa capuchette, on se croit sous la couette, le monde est en cartoon. Que la vie devient chouette au chaud dans ma doudoune. Ma doudoune elle est belle, elle est immunisée contre la cruauté, la bêtise et le froid. Il y règne un bonheur microclimatisé ; elle est douce, câline et j’ai fait, dans la soie, tout contre ma poitrine, une place pour toi. Si tu veux, il y en a même pour tes copines... Un peu seules, un peu nues Un peu déconvenues Vous êtes bienvenues au chaud dans ma doudoune. Pas encore lovée dans mon suave duvet... Prends le temps qu’il te faut, tu sais où me trouver : moi, je t’attends au chaud. Prends ton temps oui, mais... bon, j’ai un peu l’impression qu’on me prend pour un clown... et l’été paraît long au chaud dans ma doudoune.
10.
On peut glander au chaud sous la couette, en terrasse, au bistrot, sur canapé, planqué aux toilettes, ou bien les pieds dans l’eau, mais le plus agréable, le plus délectable, et le plus rigolo, c’est la glande au boulot ! Faire un petit bonhomme en tordant des trombones, un super piccolo en bouchons de stylos, Wiki, dico, docus, forums, journaux, revues... c’est fou, ce qu’on apprend au boulot en glandant ! Musardant à tout va on voit d’un œil nouveau, les impôts, la compta, les listes de cadeaux, car, tout ce qui, chez soi, paraissait un fardeau devient loisir et joie quand on glande au boulot. Certains glandeurs zélés se portent volontaires pour glander pendant les heures supplémentaires, les plus invétérés glandent même à foison à la maison ! Les deux pieds sous la table, ces êtres infatigables, continuent de railler les femmes au foyer, puis ils vont s’affaler en soupirant bien haut : « je n’ai pas arrêté de glander au boulot. » Larbin, patron, comptable, actionnaire, à tous les niveaux, chacun son style, chacun sa manière, mais chacun s’en prévaut et sept jours par semaine les chômeurs se démènent pour goûter à nouveau à la glande au boulot. Contemplation béate, c’est la glande spartiate ; démineur, dame de pique c’est la technologique. Le plaisir s’assortit d’un parfum d’interdit avec l’honneur en outre d’être payé à rien foutre. Que les heures sont brèves ! Quand la glande s’achève, on se colle au taf et c’est la pause-café. Oh ! Même les vacances n’ont pas le doux culot ni la noble apparence de la glande au boulot. Les glandeurs engagés soutiennent mordicus que l’excès de congés corrompt le processus. Ils clament enragés qu’il faut travailler plus pour glander plus. Ces bourreaux de travail retrouvent leur marmaille en faisant la critique de la Fonction Publique, puis ils vont s’affaler en soupirant bien haut : « je n’ai pas arrêté de glander au boulot. »
11.
Assis à mon bureau douillet, je glandouillais, lorsque le chef surgit en nage, accompagné d’une délicieuse brune, nouvelle recrue à notre étage Elle s’appelle Lisa et, tel un brin de soleil sur le givre, tout le service a transmuté fissa sous les rayons de sa joie de vivre. Deux ou trois jours ont suffi pour piquer l’esprit d’équipe en moi : J’arrive avant l’heure, tout beau, tout bosseur, et salue les collègues avec émoi. Quand Lisa me fait la bise, tout mon corps s’électrolyse, je bégaie, je vocalise, je me méprends, me méprise, quand je fais la bise à Lisa, la banquise se brise à mes pieds tremblants, je m’enlise dans des silos d’harissa… quand Lisa me fait la bise, nul n’a besoin d’expertise : je suis ah... Assis à mon bureau studieux, fermant les yeux, je reste des heures interdit et je m’émerveille devant l’écran de veille repassant la scène au ralenti. Et je n’attends plus que l’instant où ses lèvres closes m’injectent en deux fois ma dose pour l’apothéose tandis que Windows se déconnecte. Quand Lisa me fait la bise, tous les néons se tamisent, le décor se vaporise, j’atterris à Ibiza, quand je fais la bise à Lisa, mon cœur s’évangélise à son contact et subtilise du paradis le visa. Moi, je passerais mes vacances et tous mes jours fériés à encourager la croissance des bises à Lisa. Quand Lisa me fait la bise, nul n’a besoin d’expertise : je suis a-mou-reux. Assis à mon bureau en vrac j’avais le trac lorsque le chef nous fit savoir que Lisa promue à l’étage au-dessus serait remplacée par un certain Gérard… Quand Gérard me serre la pince, j’ai la courtoisie qui grince : c’est un étau ou ma main se fait cryogéniser Quand je serre la main à Gégé, plus blafard qu’une dragée, ses ardents postillons rincent mes ambitions abrégées. Mon esprit prend l’ascenseur vers l’étage supérieur où Lisa délocalise ses bises. Mais dans les bureaux du bas, c’est la crise, nul n’a besoin d’expertise : je n’aurai plus jamais droit à la bise à Lisa, oh, la bise à Lisa, ah, la bise à Lisa.
12.
J’excelle en yoga et en football, à la batterie comme au piano, parle couramment russe, espagnol, anglais, allemand, espéranto... On pourrait m’envier, me haïr même, mais, de l’aristocrate au prolo, le monde est séduit, le monde m’aime dans mes mégalos. Il fait bon, il fait chaud, il fait tout ce qu’il faut, quand le vrai s’enlace avec le faux dans mes mégalos. Malgré ma fortune à toute épreuve, moi, je vis d’amour et de bons mots, prodiguant le reste aux bonnes œuvres... ça m’émeut moi-même tant c’est beau ! Finies les famines et les guerres, ça y est les humains sont tous égaux, oui, égaux, affranchis, solidaires, grâce à mes exploits et mon brio dans mes mégalos. Il fait bon, il fait chaud, il fait tout ce qu’il faut, quand le vrai s’enlace avec le faux dans mes mégalos. Il paraît que le cerveau se fêle quand l’imaginaire enfle un peu trop, mais, j’ai beau chasser le surnaturel il revient de plus belle au galop dans mes mégalos. Rêves avortés, fiascos cruels... le moindre projet qui tombe à l’eau renaît de ses cendres ou des poubelles va, cours, vole et me venge illico dans mes mégalos. Il fait bon, il fait chaud, il fait tout ce qu’il faut, quand le vrai s’enlace avec le faux dans mes mégalos.
13.
Sur le bout de ma langue, il y a un gigantesque charabia. Oh, il y a tant et tant de mots que ça remplirait trois dicos ! Ils cachent peut-être un secret comme des diamants dans leur gangue, mais ils ne le livrent jamais, les mots sur le bout de ma langue. Sur le bout de ma langue traînent des lapsus un peu schizophrènes, des rejetons de mots croisés, des mots de passe refusés, des mots qui se trouvent trop gros, des incompris et des ingrats qui veulent tous rester au chaud sur le bout de ma langue au chat. Ça bout, ça bout, ça bout, ça bouchonne... blottis dans ma bouche les mots se tamponnent ! Il y en a tant et tant qu’ils tanguent, tango sur le bout de ma langue. Sur le bout de ma langue accourent les bons mots et les calembours, les molestés et les sumos quand je deviens un peu lourdaud. Ah ! Si seulement la censure était un peu plus aux abois, ils se tiendraient à carreau sur le bout de ma langue de bois ! Sur le bout de ma langue gisent des mots blessés qui cicatrisent, des mots interdits de séjour, quelques « je t’aime » et des « toujours »... En attendant qu’ils soient absous, je les relègue au frigidaire à côté des esquimaux sous le bout de ma langue glaciaire. Ça bout, ça bout, ça bout, ça bougonne... les mots sur la touche se révolutionnent ! Il y en a tant et tant qu’ils tanguent, tango sur le bout de ma langue. Sur le bout de ma langue, affleure – barbe à papa, sablés au beurre - un goût d’enfance acidulé qu’adulte il me faut ravaler. Bien sûr, ils se font quelques bleus, mais ils ont récré éternelle tous ces marmots qui jouent sur le bout de ma langue maternelle. Sur le bout de ma langue chante la mélodie douce et touchante d’un accent tintinnabulé au petit « r » si bien roulé. Lorsqu’une brise nostalgique vient souffler dans mon soliloque, ça fait des notes de musique sur le bout de ma Languedoc. Ça bout, ça bout, ça bout, ça bourgeonne... Qu’es aco boudiou ? Les mots papillonnent ! Il y en a tant et tant qu’ils tanguent, tango sur le bout de ma langue. Sur le bout de ma langue ondoie ton joli bout de langue à toi on s'y divulgue des aveux, des mots doux en langue de feu, et tous les non-dits alentours se serrent comme des harangues aux portes de nos bouches pour danser sur le bout de nos langues.

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Paroles et musique de Laurent Corbec

Avec l'aimable participation de Jonathan Zwaenepoel, Claude Dubois, Etienne Lebel, Plume Latraverse, l'ensemble vocal Les Voix Ferrées, Solène Derbal, Leonardo DiCaprio, Jean Beaumont, Boris Vian, Ronan Baduel, Isabelle Morin, Serge Gainsbourg, Stéphane Théorêt, Georges Brassens, Joan Sénéchal, Thomas Fersen, Christiane Théberge, Michel Rabagliati, le restaurant Ty Breiz, Esther Fillon, Bruce Lee, Marilou Beauchamp-Lalonde, la planète Saturne, Juliette et la vie.

credits

released June 16, 2019

Prise de son, mixage et réalisation : Laurent Corbec

Matriçage : Alex Rights (Le Lab Mastering)

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Laurent Corbec Montreal, Québec

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